🧱 Jobboards : comment ne pas se faire écraser ?
des cabinets qui ferment, une DRH qui témoigne
Bonjour !
Vous allez bien ?
J’ai eu pleins de retour sur les modèles de facturation des cabinets de recrutement. Vous êtes bien créatifs !!!
En attendant, aujourd’hui, je suis à Paris pour intervenir à l’évènement de Tellent.
J’ai mis ma chemise en jean de circonstance :)
Et cette semaine, c’est focus total sur les jobboards.
Avec 2 études poncées en long en large et en travers.
C’est édifiant la domination de LinkedIn et Indeed.
Au programme donc:
Le marché des jobboards au niveau monde: LinkedIn, Indeed et nos français.
Des cabinets qui ferment.
Une DRH qui raconte la fin de son entreprise.
C’est dense. Mais ça vaut le détour.
Bonne lecture !
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Merci à Géraud Mesnard de The Product Crew, Solène Cescosse de Opt’In Recrutement, Camille Pironin de Boost your Talents, Caroline Renoux de Birdeo, Emmanuelle Dalmolin.
Pour les autres, un geste simple 👇👇
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Et avec Yassine Belfkih, le CEO de Solers, on partage la même vision du métier.
Mais lui, il le dit mieux que moi quand il parle d’IA Vocale👇
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Jobboards : domination, mutation et concentration
J’ai poncé 2 études sur le marché des jobboards au niveau mondial.
Les choses changent. Pas forcément pour le mieux.
Mais c’est une réalité.
Analyse.
1. L’atterrissage après l’euphorie
Il y a encore deux ans, tout le monde voulait recruter.
Tout le monde publiait. Partout. Et souvent n’importe comment.
En 2024, le marché mondial de la publicité emploi en ligne a reculé de 2 %, à 33,9 milliards $.
C’est 6 % de moins que le pic de 2022.
Et pourtant…
Sur dix ans, le marché a explosé : +148 % de croissance, soit +11 % par an de croissance.
Et pour 2025, les prévisions annoncent un frémissement : +1 %, à 34,2 milliards $.
Qui sont les gagnants et les perdants ?
Tous les modèles de jobboards ne réagissent pas de la même manière :
🏆 En croissance :
+6 % pour les réseaux sociaux pro (LinkedIn en tête)
+7 % pour les outils programmatiques
📉 En recul :
-27 % pour les agrégateurs (ex : Talent.com), fortement pénalisés par la baisse de volume et la concurrence IA
Et tout ça, sous l’oeil d’un duopole qui écrase tout, dans le monde entier (pas seulement en France).
2. LinkedIn + Indeed : un duopole implacable
Le marché est de plus en plus polarisé. Deux géants écrasent tout sur leur passage :
LinkedIn
Indeed
📊 En 2015, ils représentaient 25 % du marché mondial
📊 En 2024 : 50 %.
📊 En 2025 : 53 %, soit 18 milliards $ de revenus combinés.
Leur croissance annuelle : +7 %, trois fois supérieure au reste du marché.
Ils ne se contentent plus de diffuser des offres.
Ils capturent la donnée, maîtrisent la techno, intègrent l’IA, automatisent tout le tunnel.
Même si sur l’IA, LinkedIn est toujours en retard, il rattrape ce retard.
Et ils imposent leurs conditions à tous, partenaires et clients.
D’ailleurs des 2 géants, c’est LinkedIn qui montre la plus belle progression.
Et derrière, c’est tout un modèle économique qui change.
3. Le modèle économique bascule
Le marché s’éloigne des contrats annuels rigides. En tout cas, dans le monde (car en France, on en est encore loin).
Les recruteurs veulent de la souplesse. Et surtout : du résultat.
C’est le grand virage du pay-for-performance :
PPC (pay per click)
PPA (pay per applicant)
CPQA (cost per qualified applicant)
Mais attention : les coûts montent.
Le coût par candidat qualifié augmente, malgré des CPC (coût par clic, si vous me suivez) parfois en baisse.
Pourquoi ?
Parce que l’IA générative facilite les candidatures massives.
Mais aussi parce que les recruteurs doivent trier plus, mieux, plus vite.
Résultat : une pression croissante sur la qualité, la donnée, et le ROI. Et tout au filtre de l’IA.
4. L’IA redéfinit tout (encore une fois)
Ce n’est plus un buzzword.
C’est le cœur du moteur qui partout:
Rédaction d’offres
Matching profil / job
Préqualification automatisée
Entretiens simulés
Recommandations de carrière
Agents conversationnels (coucou l’IA Vocale)
Et ce n’est qu’un début.
Le concept d’IA agentique émerge : des bots spécialisés qui gèrent chacun une étape du process.
Dans cinq ans, les offres pourraient ne plus être “trouvées” par les candidats…
…mais proposées directement, comme un crédit pré-approuvé.
📌 En parallèle, des régulations se mettent en place (AI Act en Europe, audits à New York).
📌 Et des recours judiciaires apparaissent (Mobley vs. Workday) qui défraient la chronique… surtout c’est une action collective désormais.
L’IA est un levier. Mais aussi un risque.
Et les jobboards doivent naviguer entre promesse technologique et prudence réglementaire.
5. Et en France ? Un trio ultra-dominant
🇫🇷 Le marché français reflète la tendance mondiale, avec ses propres spécificités.
Trois acteurs captent près de 80 % (pendant le TalentLab, Olivier Letort, de Ideuzo parlait même de 90%) du marché :
• LinkedIn
~300-400 M€ estimés (dont 60 M€ facturés depuis la France)
Près de 50 % de part de marché
Croissance continue, même en période de tension
• Indeed
Estimé entre 150 et 200 M€
7,7 M de visiteurs uniques (juste derrière France Travail)
Première baisse mondiale en 2023, mais croissance explosive en France
• HelloWork
93,2 M€ de CA en recrutement en 2024, croissance de 14%
Solide, indépendant, en croissance
Si on s’arrête sur ces chiffres, sur un marché estimé à 800 millions d’euros, on a les parts de marché suivantes:
LinkedIn : 38-50%, Indeed: 19-25% du marché et Hellowork: 12%.
Soit en cumulé une part de marché entre 80% et 87%.
Il ne reste que des miettes aux autres.
🧱 Et justement les autres ?
Monster s’est écroulé, Leboncoin doit retrouver une dynamique et les sites emploi français sont à un carrefour.
Welcome To The Jungle a dû stopper ses dépenses malgré une belle croissance du CA, CleverConnect, Figaro Classifieds ont vu leurs CA et leurs résultats ralentir.
La concentration sur quelques jobboards semble même s’accélérer reflétant ce qui se passe au niveau mondial.
Elle accélère aussi la manque de diversité pour entreprises et cabinets.
6. Comment s’en sortir pour un jobboard ?
Tous les jobboards ne peuvent pas devenir LinkedIn. Ni même le concurrencer.
Mais tous peuvent faire des choix clairs.
Voici ce qui fonctionne :
Spécialisation (fonction, secteur, zone) comme TalentPicker et ses cols bleus
Expérience candidat différenciante
Service humain et suivi post-recrutement
Technologie utile (multidiffusion, scoring, IA légère)
Partenariats intelligents (même avec les “géants”)
💡 L’objectif n’est plus de “battre” LinkedIn ou Indeed.
Mais de répondre mieux à un besoin que ces plateformes ne traitent pas (ou mal).
Donc NON, Le jobboard n’est pas mort.
Le jobboard passif, linéaire, mass market lui, va disparaitre.
L’avenir est dans :
Le résultat, pas l’exposition.
L’IA intégrée, pas l’IA cosmétique.
La modularité, pas le contrat figé.
Et surtout : une stratégie claire face au duopole LinkedIn–Indeed.
Sans quoi, c’est l’asphyxie.
Les News du marché: #jenesuisPASunHANDICAP
Le handicap reste la 1re cause de discrimination en France.
Mais dans le privé, seuls 3,7 % des salariés sont en situation de handicap (vs 6 % obligatoires).
💸 Résultat : un manque à gagner, et une amende.
💡 #jenesuisPASunHANDICAP, c’est un plan en 3 étapes :
👉 Communiquer, sensibiliser, recruter
👉 Et atteindre les 6 %, avec impact
🔗 jenesuispasunhandicap.fr — à découvrir.
C’est une section où j’ai mets en avant des nouveautés, des lancements, des produits dans le recrutement.
Pour en savoir plus => Apparaitre sur la partie news
En vrac - Les infos croustillantes du marché
Malgré la croissance, Microsoft vire 6000 salariés dont des salariés LinkedIn. C’est l’IA, mon bon monsieur. Microsoft répond que c’est pour rendre l’organisation encore plus efficace.
En tout cas, pour une boite qui fait plusieurs milliards de bénéfices, c’est dur à comprendre.
Le CEO d’Indeed démissionne sur LinkedIn dans un move inattendu. La reprise en main par les japonais semble se confirmer.
Depuis 2010 chez Indeed, et 2019 comme CEO, Chris a lancé la transformation d’Indeed. Mais les résultats récents (décevants) et les changements de stratégie, semblent avoir eu raison de son poste.
Rachats et fermetures:
Troops, la société d’Émilie Legoff (basée à Lyon) a été fermée en 3 mois début 2025. Troops est un logiciel spécialisé pour les agences d’intérim (70 personnes).
Kam RH et Axial, 2 agences de com RH sont reprises par des anciens de Figaro
Valtus, la société de Management de transition (voir mon dossier) cherche à faire entrer un nouvel actionnaire dans son capital. Les fonds adorent ces sociétés, donc cela ne devrait pas poser de problème.
Les fermetures de cabinets de recrutement: Morehuman Partners, Accetis International
L’épisode de podcast le plus émouvant avec Nadia Ghodhban, DRH de Jennyfer
J’ai interviewé Nadia Ghodhban, DRH de Jennyfer.
Elle raconte comment on accompagne 1000 personnes… quand tout s’arrête.
Un épisode à écouter avec le cœur.
👉 « Être DRH quand tout s’arrête » — Prolongation(s)
Sur ce, je vous laisse.
Merci merci (et encore merci) pour cette fidélité. ❤️❤️
Laurent