Bonjourrrrrrr !!
J’espère que vous avez la forme.
J’ai passé une super journée à la NCDR de jeudi dernier à parler outils, recrutement.
Des échanges enflammés, passionnés.
J’adore ce format.
Au programme des Talents Narratifs, cette semaine:
Un deep dive sur JobTeaser, une modèle génial mais challengé depuis 2 ans
Le procès de Didier Pitelet et sa victoire
HR on Mars et Talent Data
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Vous êtes quasiment 1600 sur cette newsletter. Ça grandit vite.
Ça, c’est moi qui essaie de me planquer devant la féroce photographe: Jennifer Boukris à côté de Paul Mouchet et Clara Femme Bionique (et d’autres recruteurs sympas).
JobTeaser: vie et difficultés d’une des plus belle startup française
La création de JobTeaser
En 2011, je lance Link Humans en France avec mon ex associé Jean-Christophe Anna.
Très vite, en lançant des évènements regroupant tous les acteurs du recrutement, une startup s’est dégagée: JobTeaser.
On a rencontré à ce moment là, Adrien Ledoux et Nicolas Lombard.
JobTeaser, était au départ, une plateforme de vidéo où les entreprises se présentaient.
Un peu comme Welcome To The Jungle avant l’heure.
Sur leur page de 2008, au lancement, voici ce qu’ils disent:
“JobTeaser est une plateforme interactive et multimédia intégrée aux grandes écoles et universités, où chaque entreprise possède un espace dédié pour présenter sa vision, ses métiers clés, son cadre de travail...
Cet espace structuré comporte des témoignages vidéos des employés réalisés par JobTeaser afin de garantir un contenu adapté aux étudiants
Les jeunes diplômés construisent leur projet professionnel en découvrant l’entreprise à travers des témoignages vivants et objectifs”.
Si on oublie le langage assez corporate, on découvre que les bases du JobTeaser actuel sont posées.
La vidéo est au coeur du projet mais dans les années 2008-2012, la vidéo est encore lourde à voir et à télécharger sur ordinateur et mobile.
À la force du poignet les 2 fondateurs développent la boite et signent des grosses boites, leur cible centrale comme on le voit sur cette capture d’écran de 2010 (Thalès, Elior, Heineken…). Et coucou Vincent Mattei Jeune.
Il faut dire que l’ESSEC Adrien et le polytechnicien Nicolas ont le bon cursus pour rassurer après s’être tous les 2 rencontrés chez Bain.
La startup se développe donc en rajoutant des offres d’emploi avec des présentations vidéos. D’une simple offre de marque employeur, ils proposent désormais une page entreprise et des offres d’emploi avec du ciblage.
JobTeaser dégage 1,1 M€ de CA en en 2013 et 1,4 million d’euros 2014.
Avec un grosse dizaine de salariés.
Mais c’est surtout l’année 2013 qui marque un tournant.
Le coup de génie de 2013
Tout change donc en 2013 quand l’ESSEC demande à JobTeaser d’utiliser la plateforme pour son site carrière.
En interne…
Et là, c’est l’idée de génie des 2 fondateurs. Ils vont équiper gratuitement toutes les écoles de commerce et d’ingénieurs avec leur plateforme JobTeaser. En contrepartie, ils gèrent le carrière center des écoles et l’accès aux étudiants.
Accès qu’ils monnaient très cher pour les entreprises.
Ce coup de génie change totalement la dimension de la boite qui équipe rapidement des dizaines d’écoles et pour aller encore plus vite, lève, 3 millions d’euros en 2015.
JobTeaser est désormais le Gatekeeper des étudiants des écoles et celui lui donne une position de monopole auprès des entreprises.
Le CA se développe aussi vite que les levées de fonds.
15 millions en 2017 et 50 millions en 2019. Soit 68 millions levées au total.
JobTeaser est désormais sur un parcours météorite.
D’une petite dizaine de salariés début 2010, on passe à 90 en 2017, 140 en 2018 et 400 en 2022.
JobTeaser intègre même le next 40, les startups qui font plus de 5 millions de CA et 30% de croissance chaque année.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Pourtant les difficultés commencent réellement.
Des services qui floppent et un rachat difficile
En chiffres, JobTeaser en 2021-2022, c’est 400 personnes et une implantation dans toute l’Europe avec 68 millions d’euros levés.
Ils ont le monopole sur la France des écoles et des universités et ce sont eux qui donnent accès aux étudiants aux entreprises moyennant finance.
600 - 700 écoles au compteur dans 25 pays.
Ils recrutent aussi Jérémy Lamri, le fondateur du Lab RH, pour lancer un outil d’orientation avec différents produits: Marco pour les intérêts professionnels, Vasco pour des fiches métiers sous forme de carte ou Hester pour identifier les softskills.
Mais ce produit, regroupé sous Career Explorer, ne donne pas les résultats espérés. Il ne convainc ni entreprises ni étudiants.
Jérémy Lamri quitte JobTeaser.
Le sujet de l’orientation et de l’aide pour les jeunes diplômées est réellement fort chez eux et ils deviennent entreprise à mission en décembre 2021.
Puis en septembre 2022, c’est la 1ère acquisition de JobTeaser avec le rachat de Graduateland, un acteur danois qui fait la même chose.
L’intégration se passe plutôt bien mais côté entreprises et CA, c’est un échec relatif.
2023 est une année de contraction et de réduction des effectifs avec 2 PSE, plans de sauvegardes de l’Emploi. JobTeaser passe de 400 à 280 personnes en 2 ans.
Ils simplifient leur produit et arrêtent de vendre des crédits et font désormais des packages.
Les 25 pays de présence en 2022 sont désormais 22.
Les fonds demandent de la rentabilité désormais à JT.
La concurrence débarque
La concurrence débarque aussi avec l’arrivée de Handshake sur le marché français en 2021-2022.
Un acteur américain qui lève presque 400 millions $$ et qui fait exactement la même chose que JobTeaser.
À la différence de JobTeaser, cet acteur fait payer les écoles pour avoir le site carrière interne et toute la gestion qui va avec. Ils signent HEC sur 3 ans pour 22 500€ / an pour l'ensemble des fonctionnalités. Handshake a signé d’autres écoles en France: Centrale Supelec, American Business School, Forward College, Yutopia.
Ils se positionnent aussi sur de plus petites écoles avec des prix adaptés.
D’autres écoles se posent la question de changer car insatisfaits de la prestation JobTeaser mais la gratuité les retient.
D’autres acteurs commencent à émerger en France (AlumForce, Datalumni, Grimp…) pour essayer d’attaquer ce marché.
De la même façon, les étudiants utilisent de plus en plus leurs propres moyens pour trouver leur stages et jobs, HelloWork, LinkedIn ou Indeed attaquent la position de JobTeaser indirectement. Ils passent de moins en moins par les offres internes des écoles.
Les entreprises négocient les prix et challengent l’efficacité de l’outil.
Dans ce contexte, les défis pour les 2 fondateurs sont nombreux.
Rentabiliser JobTeaser, adresser la concurrence, reprendre une stratégie école tournée sur leurs besoins et l’expérience étudiants dans la recherche d’emploi. D’ailleurs JobTeaser se veut aussi un média de l’emploi pour les jeunes avec du contenu.
Bref, de gros défis pour notre startup française.
Merci à la dizaine de personnes que j’ai interrogé pour faire ce Deep Dive et les infos partagées.
En vrac
Pour ceux qui le connaissent, j’ai été touché par le combat de Didier Pitelet, “l’inventeur” de la marque employeur en France, partagé sur LinkedIn la semaine dernière.
Il a gagné son procès contre Kering suite à des impayés, impayés qui avaient précipité la faillite de sa boite, OnTheMoon.
Les impayés et les factures en retard avec les grosses boites, j’en ai eu plein en 2018 et 2019 au point de presque tuer LEDR.
Et cette victoire sur le plan juridique est avant tout symbolique.
La semaine prochaine, je serai à 2 évènements sur Paris:
HR On Mars, le 17/09
Talent Acquisition Showdown 2024 : Où est la Data ? - Organisé par Jean-Marie Caillaud
Pour retrouver tous les évènements recrutement:
⇒ https://lestalentsnarratifs.com/evenements-dans-le-recrutement/
Je suis devenu Top Voice Recrutement en août dernier et ça fait plaisir.
Mais la vraie profondeur et le temps de réflexion arrivent ici avec vous.
C’est ça mon plaisir.
Sur ce, je vous souhaite une belle journée,
Laurent
la reconnaissance par le Top Voice Recrutement statut est amplement méritée.
frédérick de Futurmatch !